P comme dans poil
Un lundi en première année commence par les cris dans le couloir de ma petite fée différente à qui j'ai promis, vendredi dernier, d'être dans sa classe la semaine prochaine: "C'est aujourd'hui, la semaine prochaine, Mme Marie-Andrée?" Il se poursuit par l'apprentissage de la lettre P et par la lecture de l'histoire de Poupoune la poule que "Mme Marie-Andrée dessine vraiment très, très bien au tableau" pour les cocos.
- Et qu'est-ce que ça pond, une poule? - Des poussins!
Il implique cette étincelle incroyable dans les yeux de celui que j'appelle mon dragon du fait qu'il est incapable de s'exprimer autrement qu'en hurlant:
- P comme dans Poubelle, Marie-Andrée!
Étincelle qui se poursuit toute la journée durant, comme des "pop-up" réglés dans le temps, et ce, toujours en hurlant:
- P comme Papa, Marie-Andrée!
Pipi, parapluie, papillon, pastille, patate!
Un lundi en première année peut aussi être un jour difficile pour ma petite fée qui ne comprend pas que je puisse l'appeler "mon chaton" et elle, non:
- Tu peux tenir ma main, mais pas mordre mon bras. - Je ne te mords pas, mon chaton, je le lèche, ton bras, qu'elle me répond.
Puis, plus tard, avant la récréation:
- On va aller rejoindre les amies pour jouer. Qu'est-ce que tu en penses? - J'en pense.
Un lundi en première année se termine souvent par une histoire pour se reposer. Et alors que je lis l'histoire, une petite tient les oreilles de mes souliers souris "pour qu'elles entendent bien, Mme Marie-Andrée" et une autre flatte ma jambe:
- J'aime ça, flatter ta jambe, Marie-Andrée, parce que ton petit poil est doux. - ...
Et mon dragon de lancer:
- Ben oui! P comme dans Poil, Marie-Andrée!
Demain, gageons que je vais me gâter et m'épiler avec un P.