Le Père Noël et la dent perdue

Lundi paisible en 3e année.

Les enfants ont complété des coloriages d'Halloween, j'ai reçu un dessin de sapin de Noël en cadeau et j'ai trouvé un poisson d'avril collé dans mon dos. Petit quotidien intemporel.

Alors que nous partagions nos moments favoris de la fin de semaine, une petite a lancé candidement cette phrase:

- Ben, moi, en fin de semaine, ma mère m'a acheté tous mes cadeaux de Noël.

Immédiatement, son voisin, perplexe, lui a répondu:

- Comment ça, ta mère a acheté tes cadeaux de Noël?

Tout autour, les petits visages semblaient confus.

J'ai décidé de ne pas me demander si un enfant de 3e année croyait encore au Père Noël. Je manquais de temps pour ce genre de question existentielle.

Pendant cette même fraction de seconde, la petite, sincère, a voulu répondre. Et j'ai vu venir le chaos. Je me suis dit : "Pas un autre scandale."

Déjà que j'avais appris aux 4e de la classe d'en face qu'ils feraient l'amour un jour, je n'allais pas en plus briser le rêve de Noël des 3e. Une désillusion me suffisait pour le mois.

Alors, sans trop réfléchir, j'ai agité la clochette destinée aux transitions. Fort.

La vérité, c'est que je n'avais pas d'autre plan que cette clochette. Je m'y suis accrochée de façon quelque peu hystérique. Heureusement, ça les a saisis. Notamment parce qu'on avait fait la transition deux minutes plus tôt. Qu'importe. J'étais prête à tout pour éviter le sujet, même à leur parler du VPH. Tant qu'à gérer des scandales, aussi bien lutter en terrain connu.

C'est là que mon petit Maman j'ai raté l'avion m'a sauvée. Il avait déjà oublié la clochette, Noël et tout le reste:

- Oh non, Mme Marie-Andrée. J'ai encore perdu une dent.

Et je l'ai encore plus aimé qu'à l'habitude.