Les princesses, le rock et la nouvelle

Tout le monde était bien énervé dans ma classe de 3e-4e année lors de mon retour chez les minis ce matin. La victoire de Trump était chose du passé ; le plus pré-ado de tous mes pré-ados 0,7% d'alcool sortait avec la nouvelle élève de l'école.

- Il est devenu comme un poète, Mme Marie-Andrée! Pis, en plus, il lui a fait un cââââlin!

Mouvement de dégout dans la classe.

J'avais envie de rire, la nouvelle élève en question étant arrivée lundi, mais j'ai préféré présenter le conte du jour:

- Ça tombe bien, les gars, on va lire une belle histoire d'amour aujourd'hui.

Double mouvement de dégout dans la classe.

- Ben là, ouach, de l'amour! C'est quoi le rapport?

J'ai choisi de ne pas répondre et de montrer la page couverture de l'album. La réaction a été immédiate.

- Pas avec une princesse en plus?

Triple mouvement de dégout dans la classe.

- On haït ça, les princesses!

- Ouain, on aime le rock, nous.

Plus tard, on a visionné le si beau court-métrage de L'histoire fantastique des livres volants de Morris Lessmore. Les pré-ados avaient retrouvé leur coeur d'enfant et s'exclamaient en reconnaissant les passages du livre que nous avions lu en classe.

Pendant ce temps, une petite partageait avec moi ses céréales Croque-cannelle dans le fond du local. De quoi me faire oublier que j'étais en charge d'un groupe d'enfants. Juste assez pour me laisser aller à verser une larme et me faire prendre comme une débutante:

- Eille, come on, Mme Marie-Andrée, retiens tes larmes! qu'ils m'ont lancé.

Pauvre nouvelle. Pauvres autres petites filles.

Y'en aura pas de facile.