Des zizis et des lutins
Mercredi de suppléance en après-midi.
C'est le chaos au retour du dîner. La gestion des forts et des boules de neige sur la cour n'est apparemment pas au point. On gère un conflit, puis deux, puis trois.
Dans la classe de 3e où je remplace parfois, l'enseignante a de nouveau prévu une visite à la bibliothèque parce que ça nous simplifie la vie. Les petits sont contents dans toute leur naïveté:
- C'est toujours nous que tu choisis pour aller à la bibliothèque l'après-midi. ❤️
À la biblio, on recherche des livres à notre pointure. Les enfants remplissent leur carnet de lecture avec sérieux pendant qu'un autre les traumatise tous en ouvrant son album "Petit zizi" à trois cm de leur visage.
Le coco est fier. Il chuchote:
- On peut regarder mon livre ensemble si tu veux. C'est plein de zizis qu'ils montrent bien.
Il fait noir quand je passe la tête dans le cadre de la porte de la classe de première année. L'enseignante est toujours là, mais elle semble découragée:
- Il faut que je mette le bordel.
Je ne saisis pas.
Elle reprend:
- Pour les lutins.
J'essaie vraiment de comprendre, mais ça ne fonctionne pas. J'aimerais lui rappeler que je viens du secondaire, mais je ne le fais pas. Elle continue:
- Ils arrivent ce soir, tu comprends? Ça doit être le bordel demain pour les élèves.
Je prends une chaise, la dépose au sol, renversée.
- Comme ça?
Son visage s'éclaire. Elle reprend courage:
- Oui!
Et on se met à la tâche en courant dans la classe et en riant comme des petites filles. Des feutres, des livres, des doudous partout.
Quand je quitte l'école, les lutins sont officiellement arrivés. Ils ont même laissé une lettre sur la table à l'entrée.
Noël approche alors que, dans ma tête, septembre débutait hier. Le temps passe vite quand on s'amuse.