La petite glace et le bonhomme de neige
La cloche du matin a sonné chez mes souris de première année et ma fée est blessée. Rien de réellement grave pour vrai : une chute qui fait peur, un genou qui fait mal.
La petite soupire et s'exclame:
- C'est grave, Mme Marie-Andrée, vraiment très grave!
Elle refuse de retirer ses bottes, sa salopette et tout le tralala:
- Mon genou ne veut pas se plier, Mme Marie-Andrée!
Petit matin sportif. C'est elle qui est emmitouflée, moi qui ai chaud alors qu'on revient tout juste de la cour de récré gelée.
Je tente de la rassurer:
- On va mettre une petite glace.
Cela ne fonctionne pas:
- Non! Pas une petite glace! Ça fera bleu! C'est dangereux.
Elle s'obstine en sautillant sur une jambe et puis sur l'autre, oubliant laquelle fait mal probablement.
Moi, je me pratique à respirer.
La matinée s'écoule doucement pendant que, dehors, la neige fond lentement sur la cour. La petite glace fait son effet sur un genou et puis sur l'autre. Après tout, ça ne peut pas faire de mal.
En classe, on dessine des bonhommes de neige et ma petite blessée a besoin de ses deux mains:
- On peut enlever notre glace quand on fait un bonhomme de neige, hein, Mme Marie-Andrée?
Puis, c'est l'heure de la récré et le combat de la salopette reprend.
Tous les amis sont dehors alors que je tente encore de faire enfiler ses vêtements de neige à ma mini-fée sautillante. Sa récré y passe ; la mienne aussi.
Je lui demande:
- Est-ce que Mme Line t'aide aussi à t'habiller?
La petite s'esclaffe. Je viens de dire une réelle absurdité:
- FRANCHEMENT, Mme Marie-Andrée, BIEN SÛR QUE NON!
J'essaie de refermer ma bouche:
- Alors pourquoi est-ce que je t'aide, moi?
La petite enfile elle-même sa deuxième mitaine en un quart de seconde et me lance avant de se sauver vers la cour:
- Parce que c'est toi la spécialiste des habits, Mme Marie-Andrée!
Il reste 2 minutes à ma récré. Juste ce qu'il faut pour continuer de respirer.