Dieu et l'orignal
- Mais, Dieu là, c'est tu son père, à Monsieur le curé? - On va le lui demander tantôt. Enseigner l'éthique et la culture religieuse sur deux niveaux du primaire sans budget ou manuel qui se respecte quand tu étais jadis prof de français au secondaire, ça demande un brin de créativité et de "pas froid aux yeux". C'est un peu dans cet ordre d'idée que ma collègue remplie d'optimisme et moi avions prévu une visite à l'église du village pour que le curé puisse répondre à nos questions. Les enfants étaient hystériques: on "sortait" à l'église. Nous n'avions bien sûr pas imaginé que le curé nous oublie. Encore moins que nous puissions improviser une visite guidée pour 40 jeunes à deux minutes d'avis. Du grand théâtre. - Mais que veux-tu qu'on leur raconte? - Dépêche! C'est débarré. On va trouver! En classe déjà, alors que les cocos avalaient de travers leur morceau d'hostie du Dollarama en entendant la nouvelle, ma Germaine Lauzon s'est insurgée: - Ben là, un contretemps, un contretemps! Yé tu mort, le curé, coudonc? Vous dire. - Mais pourquoi est-ce qu'on visite un vieux de culte si le curé, ben y'est pas là? - On dit un de lieu de culte. On se rappellera notamment le moment où j'ai expliqué aux enfants ce qu'était le confessionnal et où, alors que j'avais toute, mais toute leur attention, j'ai ouvert les deux petites portes pour réaliser que ledit endroit avait été transformé en placard à vieux sapins. Déconfiture. De retour en classe, une petite s'est approchée: - Mme Marie-Andrée, parce que, toi, tu aimes ça nous parler des choses du vieux temps comme la religion et les Iroquois, j'ai trouvé un objet qui te ressemble chez moi. Et elle m'a sorti ceci. Vraiment. Du tout moi. 😉