Des témoignages et recherches qui nourrissent ma réflexion sur la frontière, la distance
Ma pratique d'écriture me ramène très souvent aux Iles-de-la-Madeleine où j'ai mes racines. Trois de mes quatre livres pour enfants publiés jusqu'à présent y sont campés et deux des trois titres à venir y trouvent aussi leur décor. Parmi les projets en cours se trouve un album illustré sur les phares. C'est une commande qui a été faite par le patrimoine historique des Iles et à laquelle nous avons répondu par l'affirmative.
Les délais sont courts pour donner vie à un nouveau récit, surtout quand on réalise à quel point il y a beaucoup à apprendre sur l'histoire des phares des iles. Tranquillement, d'un moment libre à un autre, je lis des ouvrages historiques, fais défiler les archives et écoute des entretiens audio avec des enfants d'anciens gardiens de phares. Ils sont âgés, maintenant, ces enfants. Pourtant, ils se rappellent étonnamment bien la destinée imposée par cet étrange métier. Une existence marquée au fer rouge par la solitude et l'isolement. L'attente, surtout.
Avec l'illustratrice du livre, nous réfléchissons beaucoup au destin des femmes et des filles ayant croisé la vie des gardiens de phares. Dans un enregistrement écouté hier, une femme de quatre-vingts ans passés, Irène, racontait que la vie au phare du Rocher aux Oiseaux ainsi qu'à celui de l'Ile Brion lui avait appris à ne plus avoir peur et à ne plus craindre la solitude.
Au fond de moi, j'ai l'impression que les démarches que j'entreprends actuellement en lien avec les phares - comme lieux et symboles - me seront utiles pour la partie création de mon projet doctoral. J'aime imaginer que des personnages d'aujourd'hui redéfinissent les phares - désormais peu utiles - comme lieux à habiter. Si ces géants oubliés sont assurément associés à la rive, j'aimerais voir s'il serait riche d'en entourer un de jardins, voire de réfléchir à ce qui peut se cultiver - au sens propre comme au sens figuré - à l'intérieur de ces lanternes ancrées - ou hissées? - entre terre, mer et ciel.
Yorumlar